Rencontre avec Franck Renaudin, initiateur de la Fabrik à Yoops.
A la Fabrik à yoops sont produites des tiny houses à destination de personnes vivant dans la rue. Ici les tiny house s’appellent des Yoops car elles redonnent le sourire aux futurs habitants. Youpi !
Pourquoi avez-vous ce choix d’habitat ?
Franck Renaudin : Aux USA et en Europe du nord, ce type d’habitat s’est beaucoup développé. Il répond très bien à des gens qui ont un long passé de rue. C’est un moyen de s’insérer dans la société sans que cela ne provoque un changement de situation trop radical pour eux. Ce type de projet pour des personnes en situation de précarité existait déjà en région parisienne et dans le sud de la France. Mais notre particularité, c’est de construire, puis gérer ces maisons à la location. Nous sommes en cours de bouclage de notre première levée de fonds. Parmi les projets qui bénéficieront de cette levée de fonds, nous aimerions créer un village de 5 Yoops dans lequel il y aura 3 jeunes issus de l’aide sociale à l’enfance et 2 jeunes étudiants en difficulté de logement.
Quels sont les principes de la Fabrik à Yoops ?
Franck Renaudin : Notre projet a démarré en 2019, sous le nom d’un Toit vers l’emploi. Assez rapidement nous avons décidé de créer deux entités. L’une sociale, La Case départ, lieu d’accueil de jour et d’accompagnement des personnes en situation de rue ou de grande précarité ; et l’autre, pilier entrepreneurial, la Fabrik à Yoops, sous un statut de SAS. Nous fabriquerons les Yoops, puis nous les installerons sur des terrains prêtés. Ces maisons seront mises en location à des personnes identifiées par la Case départ qui servira d’intermédiaire entre la fabrication et les habitants. La Case Départ s’assurera du paiement des loyers après avoir fait en sorte que les habitants aient bien accès à leurs droits (RSA, APL). Le loyer est de 270€ par mois plus les charges. 270 € par mois c’est le montant des APL pour une personne au RSA. Nos habitants n’ont plus qu’à couvrir les charges. Aujourd’hui nous avons quatre maisons sur deux terrains prêtés par la Métropole de Rouen, et une 5e dans la cour de nos bureaux. Nous démarchons d’autres municipalités autour de Rouen. L’accueil est plutôt bon, les équipes municipales nous disent qu’il vaut mieux avoir ce type d’habitat que des gens dans la rue. Nous avons aussi prévu d’en vendre une partie à d’autres acteurs associatifs ou collectivités qui s’intéressent aux personnes en précarité.
Comment sont construites vos yoops ?
Franck Renaudin : Nos maisons font environ 13m2 auxquels nous allons ajouter une mezzanine de 4m2. Nous utilisons du douglas pour le bardage, de l’épicéa pour l’ossature bois, de l’OSB* et du contreplaqué pour les panneaux intérieurs. Pour l’isolation, nos premières maisons étaient isolées avec de la laine de vêtements, le métisse®, fabriqué par des communautés Emmaus. Pour les futures, nous prévoyons de la laine de bois et du métisse®. Notre objectif à terme est d’utiliser les bois les plus locaux possibles. Nous souhaiterions faire un gros travail dans la durée avec des partenaires locaux. Nous avons une contrainte de poids, il faut que l’on choisisse des bois plutôt légers. Nous proposons des yoops en mode autonome et en mode raccordé, ou semi raccordé avec toilettes sèches. Pour les toilettes sèches nous sommes intéressés pour récupérer des copeaux auprès de partenaires.
Nous sommes sur des performances énergétiques très bonnes. Nous espérons arriver à faire des maisons passives. En tout cas c’est l’ambition que nous nous sommes donnés. Pour cela nous travaillons avec un bureau d’étude et un cabinet d’architectes, en mode pro bono, en visant un impact environnemental pratiquement nul.
Quelle est votre prochaine étape ?
Franck Renaudin : Après une première phase de tests nous démarrons la production début 2022. Pour la métropole de Rouen nous avons prévu une soixantaine de maisons d’ici 5 ans. Ces prévisions nous amènent à être à la recherche d’un local de production d’environ 1 500m2, avec des hauteurs de plafond suffisante, avec une petite partie bureau, dans un rayon de 30 km de Rouen. Si vous avez des pistes n’hésitez pas à nous contacter !
*OSB : Oriented Strand Board, Panneau de lamelles orientées
Réemploi du bois
Nous cherchons à faire des partenariats avec des entreprises pour récupérer des matériaux qui pourraient rentrer la fabrication de nos maisons. Nous étudions, par exemple, la possibilité de faire du bardage avec du bois de palette. Bien sûr on parle de grandes planches de 4 m de long. Nous aussi avons récupéré d’un chantier Bouygues une vingtaine de bastaings de 3 à 4 m de long.
Cherche bénévoles
La Case Départ cherche des bénévoles pour encadrer chaque après-midi un atelier bois : fabrication de tables, jardinières, poulaillers… Les ateliers sont la possibilité pour les bénéficiaires de se réinsérer en se formant à un nouveau métier.