Un métier : la sylviculture

Planter aujourd’hui, pour transmettre demain

Rencontre avec Clément Mazilié, sylviculteur dans l’Orne, aujourd’hui formateur en sylviculture à la MFR Pointel.

Comment avez-vous eu envie de devenir sylviculteur ?

J’ai grandi à la campagne, en Charente, entouré de forêt et de bois. Je n’ai jamais imaginé vivre dans un autre environnement. Bien sûr je n’avais aucune idée de ce qu’était la sylviculture ou même la gestion forestière. Mais pour moi, mon avenir c’était la forêt. Quant à la fin du collège, j’ai annoncé aux conseillers d’orientation que je voulais aller dans un lycée agricole et forestier, ils m’ont répondu « c’est une grosse déception, tu mérites mieux ». Les métiers de la forêt sont peu connus, en dehors du mythique bûcheron !

En quoi consiste le travail de sylviculteur ?

La sylviculture c’est l’éducation d’un peuplement forestier, de la plantation jusqu’au moment de l’exploitation du bois. Le sylviculteur connait plusieurs étapes dans son travail. Tout démarre avec la plantation de jeunes plants ou la mise en place de la régénération naturelle.

Puis au bout de quelques temps, le sylviculteur met en place des opérations de dégagements sur plusieurs années. Il est nécessaire de dégager les plants des ronces, fougères ou des essences pionnières comme le bouleau ou le saule afin que les jeunes plants ne soient pas gênés. L’éducation des plants passe ensuite par la taille et ou l’élagage. On a intérêt à ce que le plant pousse droit et haut car cela permet de produire du bois sans nœuds. On commence les tailles dès 1 mètres de haut jusqu’à une hauteur de travail de 6 mètres. Autre étape importante, le dépressage (essentiellement pour la régénération naturelle) et le nettoyage. Le sylviculteur va supprimer des plants, soit parce qu’il y en a trop d’une même essence (dépressage) soit pour enlever une essence non-objectif (nettoyage) ; ces opérations permettent le bon développement des arbres restant.

Il y a des techniques à connaitre, ce ne sont pas les mêmes en fonction des essences. Le pin, le douglas, le mélèze aiment le soleil, le hêtre et l’épicéa préfèrent l’ombre, le Chêne aime la demi-ombre jeune… Le sylviculteur doit savoir doser la lumière et la concurrence pour chaque essence et à chaque âge. Certaines espèces démarrent à l’ombre et quand le sylviculteur va les mettre en lumière, ils vont partir, tel des sprinters. Pour le chêne, par exemple, le sylviculteur va être présent dès les premiers semis jusqu’à ses 40 ans. Pour le douglas, cela va être 20 ans.

Quelles études avez-vous fait pour devenir sylviculteur ?

J’ai fait un bac technologique, puis j’ai obtenu un BTS de gestion forestière au lycée de La Germinière au Mans. En formation initiale ce BTS existe dans 5 établissements en France. En général quand on sort d’un BTS gestion forestière on devient technicien forestier.  Je suis devenu sylviculteur grâce aux bouches à oreilles. C’est un ancien collègue de promo qui m’a parlé d’un emploi de sylviculteur avec un peu de gestion forestière dans l’Orne. C’était l’occasion de me mettre le pied à l’étrier. J’ai appelé le patron le samedi matin, le mardi je suis venu et je suis resté 15 ans chez un gestionnaire forestier privé.

Pour être sylviculteur, quelles aptitudes faut-il avoir ?

Avoir une passion pour la forêt, cela me parait évident ! Mais la passion ne suffit pas. Pour être sylviculteur, il est essentiel d’avoir un esprit scientifique. Nous devons savoir calculer les volumes d’arbres sur pied ou abattus, les densités, savoir estimer et calculer des hauteurs, des surfaces. On utilise aussi beaucoup la cartographie, la topographie, la pédologie, la géologie, la botanique… Donc un métier de plein air qui nécessite d’aimer les sciences.

La sylviculture est métier qui bouge lentement sur du temps long. C’est une véritable satisfaction pour un sylviculteur de constater l’influence qu’il peut avoir sur le paysage. C’est une fierté de façonner le paysage pour plusieurs années. Plusieurs générations ont travaillé sur les arbres de nos forêts et le sylviculteur poursuit le travail pour le jeune qui demain viendra prendre le relais. C’est un métier de transmission.

Schéma de travaux sylvicoles

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