Dialogue forestier – épisode 1

3 soirées pour partager la forêt

Captation de carbone, biodiversité, incendies, coupes rases… La forêt est devenue une préoccupation importante pour les Français, et les opinions des uns ou des autres sont parfois amplifiées ou déformées au prisme des médias et en particulier des réseaux sociaux, qui simplifient la pensée des protagonistes et sont, le plus souvent, une chambre d’échos de sentiments négatifs.

L’adaptation au changement climatique nous oblige à trouver un modus vivandi acceptable pour tous, professionnels du bois et défenseurs de la biodiversité (un statut n’excluant pas l’autre) pour permettre une gestion raisonnée de la forêt, et un stock du bois indispensable pour le développement d’une construction plus durable.

Pour cela, il est nécessaire d’ouvrir le dialogue et de permettre à chaque parole de s’exprimer. L’enjeu de ces ateliers « dialogue forestier » est là.

La première soirée de ce triptyque a eu lieu à Rouen et a permis, après une présentation de Michaël Aubert sur l’impact du changement climatique sur la forêt normande, de lancer trois débats autour du changement climatique, des coupes et de la multifonctionnalité de la forêt.

L’exploitation de la forêt un danger ou une réponse paradoxale au changement climatique ?

La forêt tient plusieurs rôles permettant de freiner le changement climatique : rôle tampon au niveau des températures, accroissement de la pluviométrie, stockage du carbone. Ce stockage peut se faire « sur pied », c’est-à-dire grâce à des arbres en croissance, ou bien grâce au matériau bois, qui continue de stocker son carbone une fois coupé et transformé.

Le bois a également un rôle de substitution matière, puisqu’il peut venir remplacer des matériaux de construction générateurs de CO2. Malheureusement, à ce jour, la règlementation française reste très contraignante en termes de construction en structure bois, ce qui ne favorise pas son développement.

La forêt permet de préserver la biodiversité, en particulier là où l’homme intervient peu. Peut-être, il faudrait imaginer une compensation pour les propriétaires forestiers qui s’orientent vers ce type de gestion.

Enfin, des inquiétudes sont exprimées par rapport au bois énergie : celui-ci ne devrait être issu que des connexes de la transformation (principalement pour produire du granulé) et des éclaircies nécessaires au bois d’œuvre (plaquettes, bûches).

En conclusion, il semble primordial de préserver les équilibres forestiers en ne consommant pas plus de biomasse que la forêt ne peut en produire.

Toutes les coupes en forêt sont elles acceptables ?

La coupe est comprise par tous comme étant l’acte central de la gestion forestière, acte d’autant mieux compris et accepté que l’on a communiqué à son sujet en amont. Personne ne remet en cause le bien-fondé des coupes mais plutôt la manière dont on les réalise.

Au centre des débats : la coupe rase. Le désaccord persiste sur la nature des situations où elle une solution sylvicole acceptable. Il est intéressant de noter que ce désaccord n’oppose pas forcément forestiers et usagers mais également les forestiers entre eux. Dès lors, il paraît opportun d’établir un dialogue permettant d’identifier les situations de recours aux coupes rases acceptables par le plus grand nombre, d’un point de vue économique, social et environnemental.

Peut-on partager la forêt ?

Les usages de la forêt sont nombreux : usage économique, cueillette, promenade, VTT, chasse… Le fait que la forêt soit à 80 % privée est plutôt méconnu du grand public. De même, les connaissances sur la forêt et ce qui s’y passe sont peu répandues, ce qui génère souvent des incompréhensions, voire de la colère. Par exemple, peu de gens savent ou voient que, suite à un chantier de coupe, il y a normalement une replantation effectuée. Au-delà des questions qui sont régulièrement posées sur des coupes, les conflits d’usage sont générateurs de problèmes.

Les différents acteurs présents témoignent des efforts faits pour informer ou sensibiliser sur ce qui se passe en forêt. Des expériences d’informations régulières, via des affichages ou les réseaux sociaux, s’avèrent positives pour fluidifier le dialogue.

Ainsi, plusieurs propositions sont faites, comme nourrir le protocole de chantier forestier en cours de construction par l’URCOFOR et Fibois Normandie, pour permettre une communication grand public via la mairie ou l’EPCI. Des panneaux d’explication du chantier forestier, indiquant les raisons de la coupe, le devenir des arbres ou encore l’avenir de la parcelle, pourraient aussi être une solution à étudier.

2 autres soirées débats vont être organisées au Havre et à Caen. Ouverte au public, l’objectif est de faire dialoguer, sous forme d’ateliers, des professionnels de la forêt et les associations environnementalistes, les élus et le grand public. Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour vous inscrire aux prochaines dates !

Avec le soutien de la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt